La sophrologie a été inventée à Madrid en 1960 par Alfonso Caycedo, docteur en médecine et chirurgie, spécialisé en neurologie et psychiatrie phénoménologique. Il a nommé cette discipline en référence à la sôphrosunè définie par Platon.
Elle propose une mise en pratique de la philosophie phénoménologique, applicable par chacun dans son expérience quotidienne personnelle.
Le sophrologue passe par des exercices corporels pour favoriser l’éveil de la conscience, comme la relaxation, le Yoga et des pratiques méditatives.
La relation d’alliance qui s’établit entre le sophrologue et son patient est basée sur l’égalité entre ces deux personnes, qui partagent dans cette rencontre une expérience privilégiée. L’accompagnement s’appuie sur l’écoute, l’expérience partagée des séances guidées par la voix du praticien et la mise en mots des vécus qui se présentent.
Voici une présentation faite par deux sophrologues, élèves de Caycedo et fondateurs de la sophrologie ludique à Neuchâtel en Suisse, Claudia Sanchez et Ricardo Lopez.
La sophrologie, de la thérapie vers la pédagogie
La sophrologie a pris naissance dans le monde médical, dans lequel la conscience est étudiée dans sa forme pathologique. Le Pr Caycedo, à l’Hôpital de Madrid en 1960, a eu le coup de génie de proposer sa thèse sophrologique au monde thérapeutique offrant ainsi une nouvelle approche des patients.
Le patient est avant tout un être humain qui se trouve dans un état de conscience pathologique, mais, il possède des ressources, des valeurs, il est porteur d’une conscience d’être, il ressent, il éprouve, il est en devenir constant, il est un individu authentique, même dans sa manière d’exprimer sa maladie. Le Pr Caycedo a lancé sa proposition, face à la chosification typique faite des patients dans le monde médical de cette époque, et face à l’étiquetage qu’on leur applique ou que, allégrement ils s’auto-infligent (psychotique, maniaco-dépressif, schizophrénique, asthmatique, etc.).
« Il n’y a pas de maladies, mais des hommes malades », cet aphorisme réapparaissait et il a été mis en lumière dans l’approche sophrologique en psychiatrie, puis, ultérieurement, il a été adopté dans la méthodologie. « Au lieu de s’occuper seulement de ce qui ne va pas dans l’être humain, occupons-nous de ce qui va ! » nous disait le Pr Caycedo lors de nos études en Colombie, l’homme ne peut se réduire à un organe, à une maladie ou même à un état…
La sophrologie transgresse discrètement les frontières du monde médical vers le monde prophylactique (préventif), social et pédagogique. De nombreux médecins de toutes spécialités se sont intéressés à cette approche nouvelle. Non seulement ils ont traité leurs patients avec les techniques sophrologiques, mais ils leur ont appris à découvrir leur propre conscience, leurs valeurs et ressources, afin qu’ils deviennent autonomes et responsables de leur capital santé ; la maladie doit être traitée par le monde médical, mais la santé c’est l’affaire de chaque individu.
Le Pr Caycedo a été un visionnaire. Aujourd’hui la société s’est davantage tournée vers la psychologie. Ce qui, il y a 50 ans, était exotique, maintenant entre peu à peu dans nos mœurs : la pleine conscience, la psychologie positive, la respiration, la méditation, l’intérêt pour le corps, apprivoiser l’idée du bonheur dans sa vie quotidienne, s’occuper de soi, font les grands titres à la une des journaux. La sophrologie en Europe a été une des disciplines pionnières dans le monde des sciences de la conscience.
Même si la sophrologie est née de la thérapie médicale, elle a été obligée de la dépasser. Le patient est un individu qui apprend à Etre en dévoilant sa conscience. Le Pr Caycedo nous disait souvent lors de nos études à Bogota : « Tout devient une excuse pour que nos élèves et nos patients découvrent leur conscience : ainsi la gestion du stress, la préparation à l’accouchement, le traitement ou l’accompagnement d’une maladie, la compétition sportive, sont autant de tremplins pour apprendre à se connaître, éveiller la conscience « . Nous avons bien compris que le message doit passer à travers la situation existentielle du consultant, pour lui redonner la possibilité de devenir autonome grâce aux techniques de la sophrologie et à son optique qui reste toujours d’actualité.
On peut être malade pendant un moment ou pendant des années, mais on apprendra toute sa vie.
(mai 2014)